PIANO FORTE PLEYEL

Commande spéciale pour James de Rothschild, 1835-1836.

N° de série:4890.

Étonnante signature du facteur à l’emplacement habituel: « PLEYEL &  Cie / in APPENZELL »

Le meuble plaqué sapin, reprend la forme des tables suisses, dites de changeur.

Modèle bicorde. Clavier de six octaves: Fa-fa6.

Dimensions: 171,5cm  x  73,3cm.

Cet instrument est répertorié dans les archives de la maison Pleyel; d’une part dans le registre d’atelier, pour ce qui concerne sa mise en chantier (mai 1835) et les différentes étapes de sa fabrication, d’autre part dans le livre de vente, pour ce qui concerne la description du modèle et le nom du client. On peut ainsi lire: n°4890: Carré, / sapin découpé / 2/2/6/ (ce qui signifie: 2 cordes par note / 2 pédales / 6 octaves), vendu à Monsieur de Rothschild J. à Paris en juin 1836, pour la somme de 1100 Francs. Soit le même prix que le modèle classique en acajou…

Charlotte de Rothschild (1825-1899) a 11 ans lorsque l’instrument est livré.  Pianiste de talent, elle aura pour professeur Frédéric Chopin, qui lui dédiera sa Ballade n°4 en Fa mineur, Op. 52.

L’hôtel particulier de la rue Lafitte s’enrichit la même année d’un autre modèle. Un pianino de style renaissance,  plaqué d’ébène, avec clavier de nacre, portant le N° 4798.

A dix-sept ans, l’année de son mariage en 1842, Charlotte de Rothschild jouera sur le piano à queue n°8814. Elle en possèdera encore sept autres…

James de Rothschild (1792-1868) a laissé  l’image d’un grand amateur d’art. On croise aussi bien Delacroix et Balzac que Berlioz, Rossini ou Chopin aux célèbres réceptions de la rue Lafitte. Le style gothique et renaissance du bâtiment peut expliquer le choix du pianino Pleyel de 1836, mais que dire d’un modèle carré plaqué de sapin et volontairement rustique? Que James de Rothschild ait choisi de lui donner la forme d’une table de changeur, typique le la Suisse alémanique, est plutôt séduisant de la part d’un banquier, mais que ce piano soit signé « Pleyel à Appenzell » (signature parfaitement authentique) demeure en l’état actuel des recherches un mystère…

 Bibliographie: Jean Jude: « Pleyel. La passion d’un siècle ». 2008.